Actualités - Les portes dérobées

Une porte sert-elle à ouvrir un espace ou à le fermer?

La réponse réside peut-être dans le caractère alternatif de l’activité d’une porte, qui ne reste que très rarement définitivement fermée ou définitivement ouverte.
Même lorsque la porte est ouverte elle porte en elle, elle incarne elle-même, la possibilité qu’elle a d’un moment à l’autre de se refermer. Et inversement.

La Résistance Anti Rationaliste attire en ce moment farouchement l’attention sur elle par une grande action de “libération” de portes dans des immeubles d’appartements citadins et aisés, dont les locataires et propriétaires se sont empressés de se plaindre aux forces de police alors qu’il n’a pas été porté atteinte à l’intégrité physique de leurs portes, qui n’ont été ni violentées ni forcées d’aucune sorte. Elles ont juste été tendrement dé(ver)gondées.

De plus toutes les portes volées l’ont été parmi une population de portes fermées. Les portes ouvertes n’ont pas été enfoncées et ont été laissées tranquilles par les voleurs qui ne s’y sont même pas intéressés. Il n’y a aucune raison en effet de voler une porte qui a l’amabilité d’être ouverte.

La police s’intéresse tout particulièrement à ce détail et tente de déterminer qui pourrait bien s’acharner à voler des portes fermées.

Pour nous l’intérêt est la question suivante: ces appartements qui étaient fermés, et qui sont à présent sans porte, ont-ils la porte ouverte? Ou n’ont-ils plus de porte du tout?
Physiquement ils n’ont plus de porte du tout.

Une négation de porte, si l’acception de la porte est celle généralement admise de “l’ouverture”, équivaut donc à une surface pleine, comme un mur (par exemple).

Par contre si l’acception de la porte est celle de la cloture alors la négation équivaut à un passage ouvert. Chose tout aussi probable car par son caractère alternatif rappelons-le, une porte est en terme de probabilité perpétuellement 50% ouverte et 50% fermée.

Ainsi une porte présente est virtuellement entrouverte alors que par son absence la porte définit soit une cloture totale, soit une ouverture totale. L’objet “Porte” prendrait donc tout son sens dans son absence même!

C’est probablement ce qu’ont voulu signifier nos confrères résistants en imposant un choix à ces bourgeois: soit ils acceptent le potentiel d’ouverture que contenaient leurs portes et qui se trouve à présent magnifié par leur absence, soit ils le refusent et s’emmurent dans leurs appartements en remplaçant leur porte par des briques, se retirant ainsi définitivement de la vie en société. N’ayant à la suite de cela plus besoin de portes elles pourront être redistribuées aux personnes dans le besoin.

Tout cela sans parler, bien entendu, de l’importance tactique dans le conflit anti-rationaliste, de toutes ces portes dérobées qui seront autant d’éléments de surprise qui joueront en faveur de nos résistants contre les envahisseurs “-èdres de l’espace”.

(À suivre...)



Annexe: quelques exemples de portes conçues dans les ateliers clandestins de création anti-rationaliste pour les locaux de la Résistance.

- porte-affiche (très utile pour ouvrir une porte innocemment dans un mur en posant une affiche)

- porte-bagage (très utile pour les nomades)

- porte-bannière (porte qui bat souvent lorsqu’il y a du vent)

- porte-jarretelle (porte ouverte aux fantasmes)

- porte-bouteille (on sait quand on l’ouvre, on ne sait jamais quand on la referme)

- porte-manteau (une fois sortis de chez vous plus personne ne pourra y rentrer avant votre retour)